Rennes-le-Château – 2) L’abbé Saunière

Né à Montazels (près de Couiza et Rennes-le-Château) le 11 avril 1852, François Béranger Saunière est l’aîné d’une famille modeste. Ordonné prêtre en 1879, il est affecté à Rennes-le-château en 1885. Dès son arrivée au village, il est choqué par l’état de délabrement de l’église et du presbytère.

En 1886, l’abbé Henri Boudet, curé de Rennes-les-Bains, publie « La vraie langue celtique et le Cromleck de Rennes-les-Bains« , un livre étrange, qui serait codé et permettrait de découvrir un monument celtique et le secret qui s’y rattache.

Boudet rend visite à Saunière et l’invite à une “coopération” avec des gens influents qui sont en faveur d’une restauration de la royauté. Lors des élections de 1885, Saunière fait un sermon incitant au “bon choix”, ce qui lui vaut la suspension par le préfet et par l’évêque de Carcassonne Mgr Billard. Il est réintégré l’année suivante, et la Comtesse de Chambord, veuve du prétendant au trône, lui fait un don de 3000 francs-or.

Saunière entreprend des travaux de restauration en 1891 sur l’intérieur de l’église. Lors de l’enlèvement de l’ancien autel, Saunière trouve dans un pilier creux “wisigothique” des parchemins incompréhensibles. Le 21 septembre 1891, pendant qu’il enlève le vieux carrelage, Saunière découvre une dalle qui scelle l’entrée d’une crypte. Il note dans son journal : « 21- lettre de Granes. Découverte d’un tombeau« . La face cachée de la « Dalle des Chevaliers » porte un bas-relief apparemment ancien.

Saunière descend dans la crypte et les ouvriers qui l’aident ont le temps d’apercevoir “une oille avec des objets brillants” et quelques ossements, avant qu’il ne les congédie, affirmant que ce sont de simples reliques et médailles de Lourdes. Saunière fait arrêter les travaux, qui ne reprendront que le 14 octobre.

Fin 1891, Boudet lui envoie une jeune servante d’Espéraza, Marie Dénarnaud. L’attitude de l’abbé devient alors de plus en plus étrange. Avec Marie, il fait des fouilles nocturnes dans l’église et le cimetière. Il s’intéresse particulièrement à l’épitaphe de la tombe de Marie de Nègre d’Ables, marquise d’Hautpoul de Blanchefort. Cette stèle aurait été conçue par l’abbé Bigou et comporte d’étranges anomalies.

Les tombes bouleversées amènent le Conseil Municipal à déposer une plainte auprès du préfet. Contraint d’arrêter ses agissements, Saunière se déplace alors dans toute la région, souvent accompagné de Marie Dénarnaud. Il effectue des voyages, muni d’une valise qu’il porte à dos d’âne, ouvre de nombreux comptes en banque, et continue ses travaux d’aménagement. Début 1892, il entreprend la construction, derrière la sacristie, d’une pièce secrète dont il dissimulera l’entrée en 1894 par un placard à fond truqué.

En mars 1892, Saunière est envoyé à Paris par l’évêque Billard, avec les parchemins. Il confie ceux-ci à un libraire, directeur du séminaire de Saint Sulpice (qui est à l’époque au centre d’activités plus occultistes que catholiques).

Les lettres décalées du petit parchemin forment la phrase « A DAGOBERT ROI ET A SION EST CE TRESOR ET IL EST LA MORT »

A partir de là, Saunière dépense sans compter pour la rénovation de l’église. La rénovation s’achève en 1897. Dès la fin 1898 l’abbé Saunière achète des parcelles de terrain au nom de sa servante. De 1901 à 1905 seront construites la villa Béthania et la tour Magdala. Dans sa villa, il accueille et loge des invités de marque qui viennent de très loin, mais dont l’identité reste obscure. Saunière, lui, continue à vivre dans son presbytère. En 1906 il fait construire un chemin de ronde et un belvédère, ainsi qu’une orangerie et même une ménagerie. Cette année-là il rédige son testament dans lequel il fait de Marie sa légataire universelle, déshéritant sa famille au profit de sa servante.

Vers 1909, Mgr de Beauséjour, le nouvel évêque de Carcassonne, commence à s’intéresser à l’origine de la fortune de l’abbé, et finit par lui intenter un procès pour trafic de messes. L’évêque le nomme à Coustouge, afin de l’éloigner de Rennes-le-Château, mais Saunière refuse catégoriquement de quitter sa paroisse. Mgr de Beauséjour l’oblige ensuite à faire une retraite au monastère de Prouilhe.

(St Dominique, originaire d’Espagne, entama ses prédications dans le pays cathare et fonda en 1206, près de Fanjeaux, le monastère de Prouilhe, qui devint le berceau de l’ordre des dominicains, ou Frères prêcheurs. Les soeurs, cloîtrées dans le monastère, n’étaient pas autorisées à prêcher mais devaient accueillir les repenties converties par St Dominique et ses frères. )

Toutefois Bérenger persiste à ne pas expliquer la provenance de l’argent des travaux. Il est alors déclaré « suspens a divinis ». Saunière fait appel en Cour de Rome où il aura gain de cause en 1913. Le 30 mars 1915, Boudet meurt après l’avoir appelé à son chevet. Enfin le 17 janvier 1917 Saunière est victime d’une attaque grave. Avant de mourir, le 22 janvier, il a un long entretien avec Rivière, curé de Couiza, dont celui-ci ressort livide.

Le testament de Bérenger Saunière est entièrement en faveur de Marie Dénarnaud. Après la guerre, un certain Noël Corbu rachète le domaine en viager à Marie. Un jour, alors qu’elle discute avec les Corbu, elle leur dit qu’ils marchent sur de l’or sans le savoir et que ce que l’abbé a laissé pourrait faire vivre le village pendant plus de cent ans. Elle leur promet de révéler son secret, mais elle est emportée par une attaque cérébrale le 29 janvier 1953, emportant le secret dans sa tombe.

Saunière et Marie Dénarnaud

A propos Caitlín Urksa

Païenne, Celte de coeur, créature de la nuit et Ourse des montagnes ; artiste par plaisir, prof par obligation ; Sagittaire/Verseau, à la fois perfectionniste et désordonnée, les pieds ancrés dans la terre et la tête dans les étoiles.
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3 commentaires pour Rennes-le-Château – 2) L’abbé Saunière

  1. etoile31 dit :

    Ha Ha Ha! quelle Histoire, et Merci et bravo pour ce résumé des plus clair de cette légende ridicule tellement alambiquée…… (voir les groupes Facebook sur ce sujet, à mourir de rire, Pathétique, au fond!) Quel village de France n’a pas une histoire analogue, généralement bien plus intéressante mais sans plan de com à l’appui ….!

    • D’autres épisodes arrivent. Il y a beaucoup d’éléments dans cette histoire qui me titillent les neurones, mais il faut faire un GROS tri. Il y a (ou il y a eu) quelque chose (tout dépend ce qu’on entend par « trésor »), mais l’humain a un gros défaut, il en rajoute toujours ^^

    • etoile31 dit :

      Cette histoire est rigolote et nourri d’innombrables fantasmes très bien organisés commercialement, de Bugarach à Rennes les Bains, ça fait vendre, énormément.
      Mais il est certain que ces lieux sont empreintset dégagent une formidable énergie,
      Je leur préfère et de loin les sites de Alet Les Bains, de Polycarpe ou bien encore de Auriac, havres de paix et propices à la contemplation apaisée,
      La pertinence du tri que vous avez réalisé est très intéressante,

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