Rennes-le-Château – 3) Le Domaine de Saunière

L’église, originellement dédiée à la Vierge Marie, est l’ancienne chapelle des seigneurs de Rennes. Elle a été édifiée aux alentours du 8e-9e siècle, dans le style roman. On ne sait pas quand le changement a eu lieu, mais elle est désormais placée sous le vocable de Ste Marie-Madeleine (Saunière vouait un véritable culte à Marie-Madeleine, peut-être est-il à l’origine du changement).

Sur le fronton de l’église, Saunière fait placer une statue de Marie-Madeleine. Elle tient une croix d’une façon qui semble indiquer une direction. Au sommet du triangle est inscrite une phrase en latin, au-dessus d’une croix: In hoc signo vinces (par ce signe tu vaincras). Sous la statue, on peut lire Regnum mundi et omnem ornatum soeculi contempsi propter amorem domini mei Jesus Christi quem vidi quem amavi in quem credidi quem dilexi (j’ai méprisé le règne de ce monde et les attraits de ce siècle à cause de l’amour de mon maître Jésus-Christ ; que j’ai vu, que j’ai aimé, en qui je crois et que j’ai choisi).

Dessous, au centre : Terribilis est locus iste (Ce lieu est terrible). Au-dessus de la porte d’entrée, on voit les armoiries du Pape Léon XIII (1878-1903), ainsi que la devise qui lui est attribuée : Lumen in coelo (lumière dans le ciel). Enfin, encerclant la porte, on trouve l’inscription Hic domus Dei est et porta coeli (ici est la maison de Dieu et la porte du ciel). De part et d’autre de la porte de l’église, deux dates correspondent aux restaurations: 1646 et 1891.

En entrant dans l’église, à gauche, on trouve le bénitier en forme de coquille St Jacques. Il est supporté par un diable grimaçant, Asmodée qui, selon la tradition, est le gardien des trésors. Dans la toponymie locale, le diable est très présent : le fauteuil du diable, probablement néolithique, n’est pas très loin. Saunière voulait-il lui faire un clin d’oeil ?

Le fauteuil du diable, près de Rennes-les-Bains

Au-dessus du diable, quatre anges décomposent le signe de la croix et on lit Par ce signe, tu le vaincras. A la phrase classique Par ce signe tu vaincras, Saunière a ajouté le, sans doute pour que la phrase comprenne 22 lettres. En effet, le nombre 22 revient souvent à Rennes-le-Château : 22 marches montant à la tour Magdala, 22 marches descendant dans la serre d’hiver, 22 créneaux sur la tour Magdala, 22 dents pour le crâne surmontant la porte d’entrée du cimetière, 22 juillet fête de Ste Marie-Madeleine.

Jean-Baptiste baptise Jésus, qui a le genou ployé, dans la même attitude qu’Asmodée, mais inversée. Tous deux fixent du regard le dallage de l’église composé de 32 carreaux noirs et 32 blancs alternés, formant un échiquier.

St Joseph et la Vierge. Ces deux statues se trouvent de part et d’autre de l’autel. Il est surprenant de constater que Joseph et Marie portent chacun un enfant Jésus. Des jumeaux ?

Le bas-relief sous l’autel représente une grotte dans laquelle Marie-Madeleine contemple une croix brute, un livre ouvert à son côté, ainsi qu’un crâne et un pommier. Marie-Madeleine croise les doigts d’une façon curieuse. Une inscription figurait dessous (qui a disparu depuis) où certaines lettres portent des accents, qui n’existent pas en latin : Jésu.medèla.vulnérum+spes una.poenitentium per Mag-dalenae lacrymas+peccata nostra diluas (Jésus, remède des blessures, unique espoir du pénitent, par les larmes de la Madeleine, efface nos péchés). A l’arrière-plan, on voit une colonne et un portique, qui représenteraient le paysage de la Sainte-Baume.

Le confessionnal en chêne massif fait face au maître-autel. Les détails de la gravure sur son fronton rappellent la légende du berger Paris qui, en recherchant une brebis égarée, aurait découvert un trésor. Le bas-relief au-dessus du confessionnal représente le Christ au Mont des Béatitudes. En bas de la montagne se trouve un sac troué contenant du pain qui se transforme en roses. Le paysage en arrière-plan serait, dit-on, le lieu où le trésor est caché.

La sacristie est reconstruite en 1879 sur un petit terrain jouxtant l’entrée du cimetière. Entre la fin 1891 et le début 1892, Saunière y aménage un isoloir et, en 1894, il fait placer un placard à fond truqué qui dissimule l’accès.

En 1897, Saunière fait exécuter cinq vitraux à thèmes : la rosace (où Marie-Madeleine oint les pieds du Christ), le vitrail de Marthe et Marie, la résurrection de Lazare, la mission des apôtres et la crucifixion (dans la sacristie, qui ne se visite pas). Le 17 janvier, un étrange phénomène se produit dans la nef : à midi juste (heure solaire), les rayons du soleil passent à travers les vitraux et font apparaître, sur le mur opposé, des pommes bleues.

Le 21 juin 1891, après avoir été portée en procession dans le village, une statue de la Vierge est placée dans un petit jardin attenant à l’église. La statue est posée sur le pilier sculpté qui soutenait l’ancien autel. Ce pilier de 75cm de hauteur, 40cm de largeur et 40cm de profondeur, est de facture carolingienne (8e-9e siècle) et placé à l’envers. Il est orné d’une croix pattée, de motifs végétaux ainsi que d’un Alpha et Oméga. Saunière fait graver Pénitence pénitence sur la partie supérieure et Mission 1891 sur la partie inférieure.

Le pilier d’origine est dans le musée, la statue est placée sur une copie.

Dans le jardin du calvaire, l’abbé Saunière construit une grotte avec des pierres qu’il va ramasser dans la vallée des Bals. Il place dans cette grotte une statue de Marie-Madeleine (qui a été volée) et un banc en pierre sur lequel on peut lire l’inscription « KXSLX« . La grotte ayant été reconstituée après avoir été détruite, on ne sait pas si elle est la copie conforme de celle construite par Saunière.

Quoi qu’on pense de tout ce décor (j’avoue que je trouve le fronton et les statues de mauvais goût, mais sans doute ne suis-je pas sensible aux thèmes chrétiens…), il faut reconnaître qu’il comporte beaucoup de bizarreries et d’allusions à peine voilées à un trésor. Rien d’étonnant à ce que les esprits se soient emballés (et s’emballent toujours).

La suite très vite…

A propos Caitlín Urksa

Païenne, Celte de coeur, créature de la nuit et Ourse des montagnes ; artiste par plaisir, prof par obligation ; Sagittaire/Verseau, à la fois perfectionniste et désordonnée, les pieds ancrés dans la terre et la tête dans les étoiles.
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Un commentaire pour Rennes-le-Château – 3) Le Domaine de Saunière

  1. etoile31 dit :

    Accumulation incroyables de gris-gris signe d’un délire de type Facteur Cheval, ramassis de bondieuseries en tous genres et les plus ridicules du marché-catalogue commercial de l’église romaine. Une mise en scène sophistiquée qui effectivement enflamme et embrase les esprits les plus faibles, de type Lourdes, Fatima ou autres delires sectaires, illuminatis, Raéliens et autres allumés du carafon….
    Du coup certains esprits illuminés ont produit et produisent des théories autant fumeuses que fascinantes notamment par le fait
    Géométrique et géodésique, hallucinant !
    Certains fournissent même des preuves théoriques de la présence du très célèbre Jésus (dont il n’existe déjà et en plus aucune preuve physique et matérielle de sa présence en Palestine) et de ses « Marie » à Rennes le Château, Ha Ha Ha !
    Bref du Grand Guignol pour public de télévision, Mitterrand ne s’y est pas trompé lors de son déplacement en 1981…..

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