Epona

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Informations compilées

Etymologie

epona1Epona signifie « Grande jument » en gaulois. Le théonyme est dérivé de epos signifiant cheval (du proto-Celte *ekwos « cheval » (qui a donné en gallois ebol « poulain » et en breton ebeul « poulain »), du suffixe augmentatif -on et le féminin singulier gaulois -a (on trouve fréquemment la terminaison -ona pour les noms de déesses gauloises, comme Sirona, Matrona, Rigantona, etc.) Il est possible (mais non confirmé) que le théonyme Epona soit à l’origine du mot « poney ».

Historique et Culte

Le plus ancien renseignement sur cette déesse gauloise se trouve chez Juvénal « …iurat/ solam Eponam et facies olida ad praesepia pictas ». Un Grec, Agesilaos, nous parle de sa naissance : « Comme il était misogyne, Phoulouios Stellos eut commerce avec une jument, celle-ci, arrivée à son terme, mit au monde une belle petite fille et la nomma Epona ; et c’est elle, la déesse qui prend soin des chevaux ».

epona_liajEpona était vénérée par les Gaulois, c’est la seule déesse gallo-celtique qui ait été adoptée dans le panthéon romain. Son culte, très populaire (les historiens comptent plus de 343 inscriptions votives), s’est ensuite étendu à la Grande-Bretagne. L’un des foyers principaux (et peut-être l’origine du culte) semble avoir été l’Est de la France (Alésia notamment). Une fête romaine (Eponalia) honorait Epona le 18 décembre (à Mantua, Italie).

Une longue inscription latine du 1er siècle avant JC, découverte à Rom (Deux-Sèvres), donne une profusion d’épithètes : Eponina « chère petite Epona » Atanta « déesse-cheval » Potia « puissante » Dibonia « bonne déesse » Catona « de la bataille » Vovesia « noble et bonne ». On rencontre parfois le pluriel Eponabus, qui semble indiquer une relation avec les trois Matres/Matrones, et la possibilité d’une déesse triformis de la fertilité.

Le théonyme Epane est attesté en Espagne et la déesse galloise Rhiannon a de nombreux attributs communs avec Epona. Par ailleurs, un rituel folklorique gallois nommé Mari Lwyd (Jument Grise), toujours pratiqué en décembre, semble être une survivance du culte de cette déesse.

Symboles

269806_10150253841151962_1072531_nLa jument, ancien symbole de fertilité, associée à la corne d’abondance (ou panier de fruits) portée par la déesse pointent vers un rôle évident de déesse de la fertilité.

En outre, Epona est parfois dépeinte avec des clés, ce qui la relie à l’Autre Monde (le cheval étant en outre psychopompe) et à l’univers onirique. A noter que le mot anglais pour cauchemar (nightmare) peut se traduire par « jument de la nuit ».

eponaEn plus des chevaux, juments et poulains, les chiens et les oiseaux (oies et corbeaux notamment) sont liés à Epona. Les roses, les pommes, les carottes et l’avoine lui sont également associées (les sanctuaires d’Epona étaient souvent décorés de guirlandes de roses).

sources : inanna.virtualave.net, judith shaw, en.wikipedia.org

Epona

Bien que les peuples celtiques aient connu l’écriture à la fin de l’age du fer, ils n’ont pas produit de corpus littéraire dans leur langue natale, ni utilisé des inscriptions votives avant de faire partie de l’Empire romain. Par conséquent, bien que le nom d’Epona soit clairement gaulois, il n’y a aucune inscription en langue gauloise.

epona1Le mot epos signifie cheval en gaulois (dérivé de la racine proto-Indo-Européenne *ék̂u̯os, qui a donné equus en latin, ech en irlandais ancien, ešva en lithuanien ancien, ekvon en vénétien et Ηιππος (híppos) en grec. En gaulois, -os est la terminaison du masculin singulier et –a la terminaison du féminin. Ainsi epa signifie jument.
La partie -on- se retrouve fréquemment dans les noms des divinités gauloises ou gallo-romaines, comme Divona, Maponos, Rigatona, Sirona. C’est probablement un moyen de transformer le nom d’un objet en nom de personne ou de divinité. Le nom Epona signifie donc ‘jument divine’ ou ‘celle qui est comme une jument’.

epona2Répartition géographique
Epona est une déesse d’Europe Occidentale. Il n’existe qu’une représentation en Afrique du Nord, et aucune au Proche Orient. Par ailleurs, il n’y a aucune représentation ou inscription en dehors des frontières de l’Empire romain. Le territoire où les représentations et inscriptions sont les plus nombreuses est le nord-est des Gaules et la Germanie Supérieure.

Représentations d’Epona
Les sources archéologiques principales prouvant l’existence d’Epona sont des centaines de statues, statuettes, bas-reliefs et peintures. Les représentations d’Epona se classent en deux types principaux : amazone et impériale. Il y a peut-être un troisième types, avec un chariot.

epona3Type Amazone (plus commun en Gaule) : une femme assise de côté sur un cheval. La cavalière est assise comme sur une chaise, elle est perpendiculaire au cheval. Elle porte un long vêtement qui atteint ses pieds et qui est regroupé sous sa poitrine; elle peut avoir une capuche sur la tête. Le cheval est généralement représenté en train de marcher (généralement vers la droite) ou parfois, immobile. La déesse touche la crinière, le cou ou la tête du cheval de sa main gauche ; elle tient parfois une corne d’abondance à la place. L’autre main tient une patère (plat d’offrande) ou un panier de fruits. Parfois, la jument est accompagnée d’un poulain debout, couché, tétant ou mangeant dans la patère.
Type Impérial (plus commun hors de la Gaule) : une femme assise (parfois debout) entre deux chevaux (ou quatre). Les chevaux tournent souvent la tête vers Epona ou mangent du blé ou des pommes posés sur ses genoux.
Type chariot (moins courant) : représentation d’un chariot tiré par des mules ou des chevaux.

Symbolisme et Pistes de réflexion
epona4Epona est représentée avec des symboles de fertilité, comme la patère, du pain, des fruits ou la corne d’abondance. Elle est aussi fréquemment représentée avec une jument et un poulain. La présence du poulain peut être reliée à la renaissance.

Il est dit fréquemment qu’Epona était une déesse celte antérieure à la conquête romaine de la Gaule en 52BC. C’est peut-être vrai mais malheureusement, il n’y a pas de preuve archéologique. De nombreux artefacts ont été découverts il y a un siècle ou davantage, hors d’un contexte archéologique sûr. Il est donc difficile de les dater vraiment.

epona5Chez les Celtes, les chevaux étaient des symboles de statut et n’étaient pas utilisés comme bêtes de somme. Manger leur chair était tabou. Les Celtes étaient des cavaliers émérites, et le cheval les a grandement aidés dans leur conquête de l’Europe. En Irlande, une jument blanche était l’instrument qui conférait la royauté (un récit du 12e siècle décrit comment le roi doit symboliquement renaître d’une jument blanche : il devait marcher à 4 pattes, nu, jusqu’à la jument, comme un poulain. La jument était ensuite sacrifiée et sa viande consommée par le roi). Une représentation de cheval se retrouve sur de nombreuses pièces celtes. Sur certaines, le cheval est stylisé comme le cheval d’Uffington. Au dos des pièces, il y a souvent du blé. Les cornes que portent les chevaux de certaines pièces confirment un rapport avec le pouvoir divin.

sources : epona.net, ancient.eu, mercian gathering

Cheval / Jument

horsecoinsLe cheval était un animal très important pour les tribus Celtes, et sa domestication a transformé leur culture d’une société de chasseurs-cueilleurs à une société de puissants guerriers, de commerçants et d’agriculteurs. Les chevaux permettaient le travail agricole, le transport des gens et des marchandises, et ils ont permis d’énormes améliorations guerrières.

inverurieBien que l’animal soit aussi source de viande et de lait, il existe un tabou sur la consommation de viande équine dans les pays anglo-saxons, et il est possible, selon Robert Graves (The White Goddess) que ce tabou soit d’origine celte car, en dehors de certains rites, le cheval devient très vite un animal sacré. Les artefacts et les ossements découverts à Newgrange et dans d’autres sites archéologiques prouvent que les chevaux étaient bien établis dans la culture irlandaise vers 2000 avant JC. Ils étaient montés et quelquefois mangés, soit aux périodes de disette, soit lors de fêtes rituelles.

sunchariotLe cheval avait une importance telle que les Celtes l’associaient au soleil : il tirait le chariot de l’astre du jour à travers le ciel, ce qui fait de lui un animal sacré associé au dieu du soleil et du ciel. Certaines statues cultuelles représentent Taranis comme un cheval à visage humain. Le dieu Teutatès, “Père du Peuple,” était souvent représenté comme un cheval barbu, et l’un des noms du Dagda, “Eochaid,” vient d’une racine signifiant “cheval”. coin_statueTacite notait, au 1er siècle, que les prêtres celtes germaniques considéraient que les chevaux pouvaient comprendre la volonté des dieux plus clairement que les hommes et, ainsi, pouvaient révéler des secrets divins.

L’association du cheval avec les étendues d’eau (lacs, rivières et mer) est intéressante : le cheval de Manannan MacLir, le dieu souverain de l’Autre Monde, pouvait voyager sur terre et sur mer, et entre les mondes, avec une même aisance. Plus tard, les mythes romains relient Epona à Neptune, le dieu des océans et des chevaux. Les artistes qui peignent des chevaux émergeant des vagues puisent sans doute leur inspiration dans ces associations mythologiques.

Foam Horses © Lucy Kemp-Welch

Foam Horses © Lucy Kemp-Welch

Si les chevaux ont une place spéciale dans les mythologies du monde, les chevaux que l’on trouve dans les mythes celtes semblent beaucoup plus féminins qu’ailleurs. La jument blanche ou grise est associée à un certain nombre de déesses généreuses et fertiles qui veillent au cycle de la vie : Rhiannon au Pays de Galles, Macha en Ulster, Mala Liath en Écosse, et Epona en Europe.

seren-hafweb0806Ces déesses détiennent aussi la clé qui ouvre les portes de l’Inframonde et, en se transformant en équidé, elles emportent les âmes des défunts au Pays d’Été. Dans la tradition celtique, la période de Bealtaine, période de l’accouplement, symbolise la porte par laquelle l’âme entre dans le monde et la période de Samhain, période de la mort, symbolise la porte par laquelle l’âme quitte le monde. Ces deux portes sont les points fondamentaux du cycle de la vie. « La jument blanche est le seul animal autorisé à voyager librement entre ce monde et l’Autre Monde » (P.B. Ellis) : elle ouvre les portes de la vie à Bealtaine, permettant un grand flot d’énergie. Quand les portes sont refermées à Samhain, elle emporte l’âme dans l’après-vie pour qu’elle soit renouvelée avant sa renaissance.

Souveraineté

Par son association avec le cycle de la vie, et donc avec la sexualité, le cheval représente non seulement la fertilité humaine mais aussi la fertilité de la terre elle-même. En Irlande, les rois s’engageaient dans un mariage symbolique avec une jument blanche pour s’allier à la souveraineté de la terre. UffingtonHorse_CastleLa présence des immenses chevaux blancs dans les collines crayeuses de Grande-Bretagne (comme le cheval d’Uffington, gravé il y a près de 3000 ans par un peuple certes antérieur aux Celtes, mais dont la culture a sans doute eu un impact sur eux) a dû renforcer la conscience des liens qui unissent le cheval et la terre.

Les déesses celtes, en effet, se transforment souvent en juments grises ou blanches, ou galopent à travers les collines sur leurs chevaux clairs. whitehorseUne histoire intéressante concernant Rhiannon, une déesse habituellement douce, montre le cheval comme une représentation de sa puissance et de sa colère : la déesse a invité un jeune mortel sur son île magique, mais, un jour, le jeune homme tente d’abuser d’elle. Furieuse, elle se transforme en jument et charge le jeune homme. Elle le blesse à la cuisse, brisant l’os d’un coup de sabot. La blessure à la cuisse est la marque que la déesse reprend la souveraineté qu’elle avait accordée (chez les Celtes, la souveraineté du roi n’est possible que s’il est sans blessure), c’est aussi une castration symbolique (la cuisse est un euphémisme pour les parties génitales), comme celle du Roi Pêcheur, qui entraîne la stérilité de la terre dans le conte du Graal.

kelpie-2Dans le folklore, la jument est aussi une créature fantomatique qui cause des cauchemars (en anglais, le mot cauchemar, nightmare, signifie jument de la nuit). En Écosse, le kelpie ou Each Uisge hante les lochs et apparaît sous la forme d’un poney qui offre son dos aux voyageurs pour les aider à traverser. Mais dès que la victime est sur son dos, le kelpie devient une créature terrifiante avec d’immenses dents, qui plonge dans les profondeurs du loch emportant son cavalier dans l’Autre Monde. Si ces chevaux folkloriques ont un aspect plutôt négatif, la croyance populaire a conservé le souvenir d’un animal capable de passer d’un monde à l’autre, et accorde au cheval (et à la jument en particulier) des facultés surnaturelles.

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