Bugarach

Le Pech de Bugarach (Aude) est un massif isolé dont la cime est le point le plus élevé des Corbières (1230 m). Autrefois, il s’appelait Pech de Tauzé, mais il a pris le nom du petit village logé à ses pieds. Le Bugarach est une montagne inversée : coincées entre la plaque ibérique et le socle européen, les roches sédimentaires se sont plissées et cassées, et une lame de calcaire jurassique (135 MA) est venue se poser sur les grès et les marnes du Crétacé (15 MA). L’ordre des strates géologiques s’est ainsi inversé. Le Pech est truffé de cavités souterraines et de grottes (5km de souterrains ont été recensés). La plus grande, surnommée la cathédrale, contient un lac souterrain.

Selon l’abbé Sabarthès, le nom de la commune aurait évolué au fil du temps : « Villa Burgaragio, 889. Bugaragium, 1231. Ecclesia de Burgairagio, 1259. Bugaragium, 1347. S. Marie de Bigarach, 1194–1500. Bigarach et Malet, 1298–1500. Locus de Brigaragio, 1377. Bugaraich, 1594. Beugarach, 1647. Bugarach, 1781″ (Dictionnaire topographique du Département de l’Aude 1916).

Mais c’est à l’occasion du 21 Décembre 2012 que Bugarach est devenu célèbre dans le monde entier. L’anomalie géologique du Pech de Bugarach aurait, selon les rumeurs, inversé les pôles magnétiques du site, ce qui en ferait un refuge sûr dans le cas d’une inversion cataclysmique des pôles magnétiques de la Terre. Mélangez ça et le calendrier Tzolk’in des Mayas (largement incompris et exagéré). Un torrent de gens a commencé à déferler sur le village, causant toute une série de problèmes : pollution, vandalisme, gens qui essayant de trouver des tunnels ou de construire des bunkers, vendeurs à la sauvette et rituels étranges.

Les médias en ont fait leurs choux gras et la Miviludes a tiré le signal d’alarme, craignant que des sectes ne cherchent à exploiter les crédules, voire à organiser des suicides en masse. Certaines parties du site ont été bouclées et il a même été question que le gouvernement envoie des troupes militaires, mais le 21 décembre est venu et reparti, et l’intérêt suscité par le Pech de Bugarach a diminué.

Tour d’horizon des légendes

Une légende locale raconte que l’Aude était autrefois une plaine où les colères de Cers, fils d’Eole, ravageaient les récoltes et les maisons. Un jour, la fée Nore, accompagnée des lutins Bug et Arach, décida d’escalader la montagne pour se rapprocher des cieux et supplier Jupiter d’intervenir. Touché par leur audace, le père des dieux créa alors un promontoire protecteur, qui prit le nom de Bugarach.

Les Wisigoths, les Cathares et les Templiers sont mêlés à l’histoire de Bugarach, et c’est dans le même secteur que le curé de Rennes-le-Château aurait découvert un trésor. D’après Pierre Sylvain, c’est dans une cavité du Pech que les Wisigoths auraient caché le trésor de Jérusalem, avec l’Arche de l’Alliance, ce qui expliquerait ces pièces d’or trouvées en 2011 par deux chanceux. Pour Louis Fédié, historien du Languedoc, il est probable qu’elle y soit, car le roi des Wisigoths, Alaric 1er, l’avait prise lors du pillage de Rome et déposée à Carcassonne. Puis, en 490 av.JC, devant la menace des Francs aux portes de la ville, Alaric II aurait caché le fabuleux trésor dans l’arrière-pays du Razès.

Une autre légende raconte que Jésus et/ou Marie Madeleine seraient enterrés dans le secteur, voire même sous le Pech de Bugarach. Cette croyance a été renforcée par le fait que Nostradamus (qui aurait séjourné à Alet entre 1521 et 1528) a annoncé qu’un jour…

VI.66 : Au fondement de la nouvelle secte,
Seront les os du grand Romain trouvez,
Sepulchre en marbre apparoistra couverte,
Terre trembler en Auril, mal enfoüez.

(Pour peu qu’on interprète « un tantinet » le quatrain de Nostradamus…)

Autre coïncidence, Jules Verne publie, en 1896 (période qui correspond aux rénovations de Saunière), Clovis Dardentor, dans lequel on trouve un capitaine Bugarach. Le critique Michel Lamy considère qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence, que Clovis évoque la dynastie mérovingienne, et que le roman de Jules Verne pourrait avoir pour véritable sujet l’or des rejetons « ardents » des Mérovingiens (Dardentor – d’ardent or).

Dans les années 1980, une investigation du CNRS à Camp sur Agly sur un “Gisement du néolithique final dans le massif des Fenouillèdes” attise la curiosité. Certains évoquent la présence d’une quinzaine de chercheurs, français, israéliens et américains, qui y auraient creusé le sol jusqu’en 2002, sous la protection de l’armée. Un témoin relate avoir découvert, plus tard, une vingtaine de puits de 100 mètres de profondeur, et communiquant entre eux. Un autre aurait entendu un des chercheurs dire, au téléphone, « On a trouvé ».

Dans les années 1970/1980 (?) Daniel Bettex, un Suisse passionné par les Cathares, s’intéresse aux ressources minières et souterraines des environs. Après de multiples recherches dans d’anciens registres, il devient persuadé qu’il existe sous le Bugarach un accès au mythique monde souterrain. Sur des photos prises par Bettex, des tracés, découverts dans une cavité, montrent une sorte de ‘coffre’ sur un brancard. S’agirait-il de l’Arche d’Alliance ? Et si l’origine du mot Bu(r)garach était Bourg de l’Arche ? La fin de vie de Bettex est floue : pour certains, il retourne dans son pays natal et y décède ; d’autres rumeurs font état d’un décès foudroyant sur les lieux du site (écrasé par une masse de terre dans une galerie ou retrouvé inanimé et décédé d’une inexplicable déshydratation).

Dans les années 1990, Henri Buthion (celui qui a acheté le domaine de Saunière) aurait, en cherchant le trésor, vu des ovnis survoler le pic. Il en parle à Jean de Rignies, un médium qui, après avoir sondé les lieux avec son 6e sens, annonce que les ovnis entrent dans la montagne par une porte invisible. Il médiatise l’affaire et la présence régulière de militaires près du site fait grandir la rumeur. On parle aussi d’appareils électroniques qui se dérèglent,de l’absence de tout bruit sur le site (pas d’insectes, pas de chants d’oiseaux, un silence inexplicable).

Il existe encore des fours à verre du 17e/18e siècle, dans les environs de Bugarach (à l’ouest du lieu dit La Fontaine Salée et au nord du Pas Del Capelan), où était fabriqué du verre bleu. Un de ces fours à été mis à jour, dans les années 1980, par Jean de Rignies. On sait que Bugarach, vers 1700, comptait trois mines (de jais, de schiste et peut être d’or), et de là à penser que des filons d’or ont été exploités en même temps que le verre en fusion, il n’y a qu’un pas que certains se sont empressés de franchir.

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Rennes-le-Château – 5) Conclusion

Depuis longtemps (toujours?), je me suis intéressée aux mystères et à l’ésotérisme. Ma grande curiosité pour ce qui est caché ou secret m’a poussée à lire de nombreux livres, parce que « je veux savoir ». Et l’affaire de Rennes-le-Château, de par la région même où elle se déroule (à quelques kilomètres de l’endroit où j’ai passé les 6 premières années de ma vie), a forcément fait partie de mes premières recherches à partir du moment où j’ai commencé à explorer la toile.

Le mélange Cathares-Templiers est particulièrement attirant pour l’hérétique/païenne que je suis. Les légendes arthuriennes et le Graal sont un de mes thèmes fétiches depuis mes 3 années en Angleterre. J’ai adoré le Da Vinci Code (film et roman), je suis fan d’Indiana Jones et de Benjamin Gates. Bref, j’adore farfouiller dans les secrets de l’histoire (et je ne parle même pas de la préhistoire, si vous suivez ce blog, je pense que ça se devine « un peu »).

Je pense/crois qu’il y a une part de réalité derrière l’affaire Saunière. Je pense que l’abbé a découvert quelque chose qui lui a permis de faire fortune. Un trésor ? Peut-être quelques pièces d’or anciennes (sous l’autel), qu’il aura peut-être fait expertiser, qui remontent peut-être au passé templier et/ou cathare de la région.

Des documents ? Peut-être le testament ou la confession d’un noble de la région, documents qu’il aura pu utiliser pour obtenir des faveurs et des aides financières (j’imagine bien le duo Boudet-Saunière en train de faire chanter deux ou trois descendants de familles nobles). Peut-être des documents gênants pour une de ces familles ou pour l’Eglise (ce ne serait pas la première fois qu’un scandale éclate dans ces milieux-là). On ne le saura jamais.

Si je laisse libre cours à mon imagination (et il y a de quoi faire), peut-être qu’une société secrète ésotérique (on est au 19e siècle, après tout) a embarqué Saunière dans des pratiques « pas très catholiques » (ha! ha! facile, le jeu de mots), ce qui expliquerait sa fixation sur Marie-Madeleine, le rôle de Marie Dénarnaud et la réaction de son confesseur à la veille de sa mort.

En tous cas, ce petit détour inspiré par mes recherches généalogiques m’aura bien amusée. Qui sait si, parmi mes ancêtres qui vivaient dans le Razès aux périodes concernées, il n’en est pas un ou deux qui connaissaient le « secret » ? Après tout, hein…

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Rennes-le-Château – 4) Les Mystificateurs

De toute cette histoire se dégage l’idée de la transmission d’un secret : soit un trésor, soit des documents mystérieux. Petit à petit, les chercheurs de trésor arrivent à Rennes-le-Château. Des fouilles, pourtant interdites par arrêté municipal, continuent, des documents étranges circulent, des sociétés discrètes s’agitent dans l’ombre.

En 1965 Noël Corbu vend ses biens à Henri Buthion et quitte Rennes. En 1967, le Prieuré de Sion diffuse des copies des parchemins découverts par Saunière, des généalogies de la dynastie mérovingienne et le testament d’Henri d’Hautpoul. Fondé en 1956 par Pierre Plantard, le Prieuré de Sion se dit l’héritier d’un ordre médiéval, peut-être dissident du Temple.

faux testament d’Henri d’Hautpoul

La même année, Gérard de Sède publie L’Or de Rennes, où il montre que les “anomalies” des parchemins permettent des constructions géométriques qui permettraient de localiser l’emplacement du trésor. La conclusion de Gérard de Sède est que Saunière avait découvert un rejeton du roi mérovingien Dagobert II. Il co-écrit ensuite L’Énigme sacrée (1982), et sa suite Le Message, directement inspiré par le trésor supposé de Rennes-le-Château.

Pierre Plantard (1920-2000), fils unique d’une famille modeste, quitte l’école à 17 ans puis devient sacristain à l’église St-Louis-d’Antin. Il milite dans diverses associations d’extrême droite et fonde plusieurs groupes antisémites. Il usera de toute une série de noms d’emprunt au fil de sa vie : Varran de Verestra, Pierre De France, Chyren (en référence à la prophétie de Nostradamus sur la venue d’un grand monarque) et, dès 1975, Pierre Plantard de Saint-Clair (en référence aux Templiers de la Chapelle de Rosslyn en Écosse).

En 1953, Plantard déclare être le dirigeant d’une organisation secrète, le Prieuré de Sion. En 1956, il dépose les statuts du Prieuré de Sion à la sous-préfecture de Saint-Julien-en-Genevois. L’objectif de cette confrérie serait de rénover moralement l’Europe en réalisant l’unification du continent. Pour donner une preuve de ses propos, Plantard, avec l’aide de son ami Philippe de Chérisey, fabrique et introduit à la Bibliothèque nationale de Paris une série de documents sans preuves manuscrites vérifiées sous le nom des Dossiers secrets d’Henri Lobineau : parmi ceux-ci un document relatif au Prieuré de Sion. Dans le milieu des années 1950 Plantard répand, dans les cercles catholiques, une fausse histoire personnelle, se disant descendant de Dagobert II, Mérovingien et prétendant au trône de France. Après un séjour en prison pour détournement de mineur en 1956, il déménage le Prieuré à Paris, puis il récupère le mythe de Rennes-le-Château.

La 2e dalle de la tombe de Blanchefort et la liste des Nautoniers du Prieuré de Sion

En 1967, Plantard contacte Gérard de Sède, auteur d’un livre sur l’histoire de Gisors (Les Templiers sont parmi nous, 1962). Cette rencontre aboutit à L’or de Rennes, et toute la fantasmagorie sur le trésor caché de l’abbé Saunière démarre, entretenue par des «parchemins» fabriqués par Philippe de Chérisey. Celui-ci avouera en 1979 être l’auteur des documents relatifs au Prieuré de Sion. Gérard de Sède, quant à lui, publiera en 1988 Rennes-le-Château : le dossier, les impostures, les phantasmes, les hypothèses. En 1993, interrogé par la justice dans l’enquête sur la mort de Roger-Patrice Pelat, Plantard avoue son illégitimité de roi de France.

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Rennes-le-Château – 3) Le Domaine de Saunière

L’église, originellement dédiée à la Vierge Marie, est l’ancienne chapelle des seigneurs de Rennes. Elle a été édifiée aux alentours du 8e-9e siècle, dans le style roman. On ne sait pas quand le changement a eu lieu, mais elle est désormais placée sous le vocable de Ste Marie-Madeleine (Saunière vouait un véritable culte à Marie-Madeleine, peut-être est-il à l’origine du changement).

Sur le fronton de l’église, Saunière fait placer une statue de Marie-Madeleine. Elle tient une croix d’une façon qui semble indiquer une direction. Au sommet du triangle est inscrite une phrase en latin, au-dessus d’une croix: In hoc signo vinces (par ce signe tu vaincras). Sous la statue, on peut lire Regnum mundi et omnem ornatum soeculi contempsi propter amorem domini mei Jesus Christi quem vidi quem amavi in quem credidi quem dilexi (j’ai méprisé le règne de ce monde et les attraits de ce siècle à cause de l’amour de mon maître Jésus-Christ ; que j’ai vu, que j’ai aimé, en qui je crois et que j’ai choisi).

Dessous, au centre : Terribilis est locus iste (Ce lieu est terrible). Au-dessus de la porte d’entrée, on voit les armoiries du Pape Léon XIII (1878-1903), ainsi que la devise qui lui est attribuée : Lumen in coelo (lumière dans le ciel). Enfin, encerclant la porte, on trouve l’inscription Hic domus Dei est et porta coeli (ici est la maison de Dieu et la porte du ciel). De part et d’autre de la porte de l’église, deux dates correspondent aux restaurations: 1646 et 1891.

En entrant dans l’église, à gauche, on trouve le bénitier en forme de coquille St Jacques. Il est supporté par un diable grimaçant, Asmodée qui, selon la tradition, est le gardien des trésors. Dans la toponymie locale, le diable est très présent : le fauteuil du diable, probablement néolithique, n’est pas très loin. Saunière voulait-il lui faire un clin d’oeil ?

Le fauteuil du diable, près de Rennes-les-Bains

Au-dessus du diable, quatre anges décomposent le signe de la croix et on lit Par ce signe, tu le vaincras. A la phrase classique Par ce signe tu vaincras, Saunière a ajouté le, sans doute pour que la phrase comprenne 22 lettres. En effet, le nombre 22 revient souvent à Rennes-le-Château : 22 marches montant à la tour Magdala, 22 marches descendant dans la serre d’hiver, 22 créneaux sur la tour Magdala, 22 dents pour le crâne surmontant la porte d’entrée du cimetière, 22 juillet fête de Ste Marie-Madeleine.

Jean-Baptiste baptise Jésus, qui a le genou ployé, dans la même attitude qu’Asmodée, mais inversée. Tous deux fixent du regard le dallage de l’église composé de 32 carreaux noirs et 32 blancs alternés, formant un échiquier.

St Joseph et la Vierge. Ces deux statues se trouvent de part et d’autre de l’autel. Il est surprenant de constater que Joseph et Marie portent chacun un enfant Jésus. Des jumeaux ?

Le bas-relief sous l’autel représente une grotte dans laquelle Marie-Madeleine contemple une croix brute, un livre ouvert à son côté, ainsi qu’un crâne et un pommier. Marie-Madeleine croise les doigts d’une façon curieuse. Une inscription figurait dessous (qui a disparu depuis) où certaines lettres portent des accents, qui n’existent pas en latin : Jésu.medèla.vulnérum+spes una.poenitentium per Mag-dalenae lacrymas+peccata nostra diluas (Jésus, remède des blessures, unique espoir du pénitent, par les larmes de la Madeleine, efface nos péchés). A l’arrière-plan, on voit une colonne et un portique, qui représenteraient le paysage de la Sainte-Baume.

Le confessionnal en chêne massif fait face au maître-autel. Les détails de la gravure sur son fronton rappellent la légende du berger Paris qui, en recherchant une brebis égarée, aurait découvert un trésor. Le bas-relief au-dessus du confessionnal représente le Christ au Mont des Béatitudes. En bas de la montagne se trouve un sac troué contenant du pain qui se transforme en roses. Le paysage en arrière-plan serait, dit-on, le lieu où le trésor est caché.

La sacristie est reconstruite en 1879 sur un petit terrain jouxtant l’entrée du cimetière. Entre la fin 1891 et le début 1892, Saunière y aménage un isoloir et, en 1894, il fait placer un placard à fond truqué qui dissimule l’accès.

En 1897, Saunière fait exécuter cinq vitraux à thèmes : la rosace (où Marie-Madeleine oint les pieds du Christ), le vitrail de Marthe et Marie, la résurrection de Lazare, la mission des apôtres et la crucifixion (dans la sacristie, qui ne se visite pas). Le 17 janvier, un étrange phénomène se produit dans la nef : à midi juste (heure solaire), les rayons du soleil passent à travers les vitraux et font apparaître, sur le mur opposé, des pommes bleues.

Le 21 juin 1891, après avoir été portée en procession dans le village, une statue de la Vierge est placée dans un petit jardin attenant à l’église. La statue est posée sur le pilier sculpté qui soutenait l’ancien autel. Ce pilier de 75cm de hauteur, 40cm de largeur et 40cm de profondeur, est de facture carolingienne (8e-9e siècle) et placé à l’envers. Il est orné d’une croix pattée, de motifs végétaux ainsi que d’un Alpha et Oméga. Saunière fait graver Pénitence pénitence sur la partie supérieure et Mission 1891 sur la partie inférieure.

Le pilier d’origine est dans le musée, la statue est placée sur une copie.

Dans le jardin du calvaire, l’abbé Saunière construit une grotte avec des pierres qu’il va ramasser dans la vallée des Bals. Il place dans cette grotte une statue de Marie-Madeleine (qui a été volée) et un banc en pierre sur lequel on peut lire l’inscription « KXSLX« . La grotte ayant été reconstituée après avoir été détruite, on ne sait pas si elle est la copie conforme de celle construite par Saunière.

Quoi qu’on pense de tout ce décor (j’avoue que je trouve le fronton et les statues de mauvais goût, mais sans doute ne suis-je pas sensible aux thèmes chrétiens…), il faut reconnaître qu’il comporte beaucoup de bizarreries et d’allusions à peine voilées à un trésor. Rien d’étonnant à ce que les esprits se soient emballés (et s’emballent toujours).

La suite très vite…

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Rennes-le-Château – 2) L’abbé Saunière

Né à Montazels (près de Couiza et Rennes-le-Château) le 11 avril 1852, François Béranger Saunière est l’aîné d’une famille modeste. Ordonné prêtre en 1879, il est affecté à Rennes-le-château en 1885. Dès son arrivée au village, il est choqué par l’état de délabrement de l’église et du presbytère.

En 1886, l’abbé Henri Boudet, curé de Rennes-les-Bains, publie « La vraie langue celtique et le Cromleck de Rennes-les-Bains« , un livre étrange, qui serait codé et permettrait de découvrir un monument celtique et le secret qui s’y rattache.

Boudet rend visite à Saunière et l’invite à une “coopération” avec des gens influents qui sont en faveur d’une restauration de la royauté. Lors des élections de 1885, Saunière fait un sermon incitant au “bon choix”, ce qui lui vaut la suspension par le préfet et par l’évêque de Carcassonne Mgr Billard. Il est réintégré l’année suivante, et la Comtesse de Chambord, veuve du prétendant au trône, lui fait un don de 3000 francs-or.

Saunière entreprend des travaux de restauration en 1891 sur l’intérieur de l’église. Lors de l’enlèvement de l’ancien autel, Saunière trouve dans un pilier creux “wisigothique” des parchemins incompréhensibles. Le 21 septembre 1891, pendant qu’il enlève le vieux carrelage, Saunière découvre une dalle qui scelle l’entrée d’une crypte. Il note dans son journal : « 21- lettre de Granes. Découverte d’un tombeau« . La face cachée de la « Dalle des Chevaliers » porte un bas-relief apparemment ancien.

Saunière descend dans la crypte et les ouvriers qui l’aident ont le temps d’apercevoir “une oille avec des objets brillants” et quelques ossements, avant qu’il ne les congédie, affirmant que ce sont de simples reliques et médailles de Lourdes. Saunière fait arrêter les travaux, qui ne reprendront que le 14 octobre.

Fin 1891, Boudet lui envoie une jeune servante d’Espéraza, Marie Dénarnaud. L’attitude de l’abbé devient alors de plus en plus étrange. Avec Marie, il fait des fouilles nocturnes dans l’église et le cimetière. Il s’intéresse particulièrement à l’épitaphe de la tombe de Marie de Nègre d’Ables, marquise d’Hautpoul de Blanchefort. Cette stèle aurait été conçue par l’abbé Bigou et comporte d’étranges anomalies.

Les tombes bouleversées amènent le Conseil Municipal à déposer une plainte auprès du préfet. Contraint d’arrêter ses agissements, Saunière se déplace alors dans toute la région, souvent accompagné de Marie Dénarnaud. Il effectue des voyages, muni d’une valise qu’il porte à dos d’âne, ouvre de nombreux comptes en banque, et continue ses travaux d’aménagement. Début 1892, il entreprend la construction, derrière la sacristie, d’une pièce secrète dont il dissimulera l’entrée en 1894 par un placard à fond truqué.

En mars 1892, Saunière est envoyé à Paris par l’évêque Billard, avec les parchemins. Il confie ceux-ci à un libraire, directeur du séminaire de Saint Sulpice (qui est à l’époque au centre d’activités plus occultistes que catholiques).

Les lettres décalées du petit parchemin forment la phrase « A DAGOBERT ROI ET A SION EST CE TRESOR ET IL EST LA MORT »

A partir de là, Saunière dépense sans compter pour la rénovation de l’église. La rénovation s’achève en 1897. Dès la fin 1898 l’abbé Saunière achète des parcelles de terrain au nom de sa servante. De 1901 à 1905 seront construites la villa Béthania et la tour Magdala. Dans sa villa, il accueille et loge des invités de marque qui viennent de très loin, mais dont l’identité reste obscure. Saunière, lui, continue à vivre dans son presbytère. En 1906 il fait construire un chemin de ronde et un belvédère, ainsi qu’une orangerie et même une ménagerie. Cette année-là il rédige son testament dans lequel il fait de Marie sa légataire universelle, déshéritant sa famille au profit de sa servante.

Vers 1909, Mgr de Beauséjour, le nouvel évêque de Carcassonne, commence à s’intéresser à l’origine de la fortune de l’abbé, et finit par lui intenter un procès pour trafic de messes. L’évêque le nomme à Coustouge, afin de l’éloigner de Rennes-le-Château, mais Saunière refuse catégoriquement de quitter sa paroisse. Mgr de Beauséjour l’oblige ensuite à faire une retraite au monastère de Prouilhe.

(St Dominique, originaire d’Espagne, entama ses prédications dans le pays cathare et fonda en 1206, près de Fanjeaux, le monastère de Prouilhe, qui devint le berceau de l’ordre des dominicains, ou Frères prêcheurs. Les soeurs, cloîtrées dans le monastère, n’étaient pas autorisées à prêcher mais devaient accueillir les repenties converties par St Dominique et ses frères. )

Toutefois Bérenger persiste à ne pas expliquer la provenance de l’argent des travaux. Il est alors déclaré « suspens a divinis ». Saunière fait appel en Cour de Rome où il aura gain de cause en 1913. Le 30 mars 1915, Boudet meurt après l’avoir appelé à son chevet. Enfin le 17 janvier 1917 Saunière est victime d’une attaque grave. Avant de mourir, le 22 janvier, il a un long entretien avec Rivière, curé de Couiza, dont celui-ci ressort livide.

Le testament de Bérenger Saunière est entièrement en faveur de Marie Dénarnaud. Après la guerre, un certain Noël Corbu rachète le domaine en viager à Marie. Un jour, alors qu’elle discute avec les Corbu, elle leur dit qu’ils marchent sur de l’or sans le savoir et que ce que l’abbé a laissé pourrait faire vivre le village pendant plus de cent ans. Elle leur promet de révéler son secret, mais elle est emportée par une attaque cérébrale le 29 janvier 1953, emportant le secret dans sa tombe.

Saunière et Marie Dénarnaud
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Rennes-le-Château : 1) Histoire du Razès

L’histoire de Rennes-le-Château et du Razès, bien avant l’arrivée de notre célèbre abbé, relate des légendes de trésors : or du Diable, Saint-Graal, Wisigoths en fuite, Cathares et Templiers.

L’étymologie du Razès (et de Rennes-le-Château), Reddae/Rhedae, est une forme celto-latine : Reda ou Rheda (chariot) ou Aer Reda (serpent coureur), dieu “celte” (local? tellurique? en tous cas non répertorié officiellement). Ce pagus gallo-romain remontait a priori aux Volques Tectosages et/ou à une culture mégalithique néolithique (culture de Véraza).

Après s’être assuré la possession de toute la Gaule septentrionale, Clovis se consacre à la conquête de l’Aquitaine, dominée par le roi Wisigoth Alaric II. Converti au catholicisme, sous prétexte de lutter contre leur hérésie (les Wisigoths adhéraient à l’arianisme), Clovis les bat en 507 et porte la frontière jusqu’aux Pyrénées.

Le Razès est érigé en comté par Charlemagne. Le premier comte, Guillaume de Gellone, serait (selon une légende) un descendant de Mérovingiens réfugiés dans le Razès. Un de ses descendants, Béra IV, fonde en 807 l’abbaye d’Alet. En 1090 est fondée l’abbaye de St Polycarpe, dans la mouvance de celle d’Alet.

Les Templiers s’établissent dans la région dès 1127. Bernard de Blanchefort fait don de ses terres aux Templiers et leur confie l’exploitation des mines d’or du Cardou et de Blanchefort, au nord de Rennes-les-Bains. En 1147 la famille d’Aniort cède aux Templiers un domaine à Campagne-sur-Aude, et le château du Bézu.

Parallèlement, la forte implantation du catharisme inquiète l’Église, d’autant plus qu’ils ont recruté de “riches personnages” à Toulouse et des chevaliers de la région. Le pape Innocent III lance en 1208 la croisade contre les “albigeois”. En 1209, le siège de Béziers s’achève sur le massacre de la population, et celui de Carcassonne sur l’assassinat du vicomte Trencavel. Bien qu’appartenant à l’Ordre du Temple, Campagne-sur-Aude tombe entre les mains des troupes de Simon de Montfort, qui, après un long procès, rend finalement la commanderie aux Templiers.

En 1244, le château de Montségur, dernier bastion cathare, capitule. Selon une légende, à la veille de l’attaque, quelques hommes seraient partis avec le Graal, des parchemins et autres objets précieux, pour aller les mettre en lieu sûr, peut-être dans une place forte templière des environs. Cathares et Templiers partagent en effet de nombreux thèmes comme la chasteté et la fidélité à la foi, et nient l’humanité de Jésus.

En 1283, Philippe III le Hardi est reçu dans les familles de Voisins et d’Aniort, amies des Templiers et donc “suspectes”. En 1307, son fils, Philippe IV le Bel, endetté envers le Temple, accuse l’ordre d’hérésie, d’idolâtrie et de pratiques obscènes, et ordonne l’arrestation des Templiers et la saisie de tous leurs biens au matin du 13 octobre. Torturés par l’Inquisition, la majorité des Templiers arrêtés passe aux aveux. Le pape prononce la dissolution de l’ordre en 1312 et Philippe le Bel ordonne que Jacques de Molay, le Grand Maître de l’ordre, soit conduit au bûcher.

En 1422 Pierre-Raymond d’Hautpoul, originaire de Mazamet (Tarn), épouse l’héritière des familles de Voisins et d’Aniort entre en possession de la seigneurie de Rennes-le-Château.

François d’Hautpoul (1689-1753) possède un grand patrimoine dans la région de Rennes-le-Château : le château, cinq métairies et les bains de Rennes. Il épouse en 1732 Marie de Nègre d’Ables et récupère le marquisat de Blanchefort. La manière dont cette famille a obtenu différentes terres à Rennes-le-Château reste floue, et plusieurs actes, archives ou testaments de la famille ont disparu mystérieusement, notamment le testament de François-Pierre d’Hautpoul, établi en novembre 1644, qui aurait été caché dans l’église de Rennes. A la mort de François d’Hautpoul, ses trois filles se querellent. L’aînée refuse de communiquer à ses soeurs certains papiers “dangereux”. Antoine Bigou, curé de Rennes-le-Château, probablement au courant mais fuyant les troubles de la Révolution, emporte le secret avec lui en Catalogne, où il meurt en 1794.

Tout ces mystères passés vont remonter à la surface à l’arrivée de François Bérenger Saunière.

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Quand la Généalogie Ravive ma Curiosité

Je continue mes recherches généalogiques, notamment pour référencer précisément les naissances, mariages et décès des ancêtres découverts jusqu’ici (j’ai quand même réussi à débloquer une bonne partie de la branche paternelle). Il y a actuellement dans mon arbre plus de 1200 individus (ascendants directs principalement, sauf pour démêler les branches qui s’entrecroisent – ça s’appelle des « implexes »), je vous laisse faire le calcul du nombre de d’événements, multiplié par le nombre de pages de registres paroissiaux et d’état civil qu’il faut lire, déchiffrer et décrypter, et ça vous donnera une idée approximative des heures passées sur les diverses archives en ligne (actuellement Ariège, Aude, Aveyron, Lozère et Pyrénées-Orientales, puisque pour l’Espagne, c’est plus compliqué).

Ces recherches m’ont amenée vers l’Aude, et plus précisément vers cette région de l’Aude qui s’appelle le Razès. Et, forcément, quand des noms comme Bugarach et Rennes-le-Château apparaissent, ça a tendance à réveiller à nouveau ma curiosité… et hop, un « rabbit hole » (référence Alice in Wonderland) de plus, et des heures passées à cherchouiller (de vidéo en site web, de site web en carte topographique, de carte topographique en vidéo).

Il est donc plus que probable que je réutilise les notes informatiques d’un article publié sur un ancien blog pour brosser un « court » portrait archéo-ésotérico-historique de la région où j’ai vu le jour. Parce que finalement, ça explique peut-être un certain nombre de choses quand, comme c’est mon cas, on croit très fermement en une forme de réincarnation/mémoire ancestrale, qu’on s’est toujours plus ou moins intéressé/e à l’ésotérisme en général, qu’on est avide d’énigmes et de cette fête des neurones et des synapses qu’est la quête de connaissance.

Mais commençons, comme de coutume, par le commencement… Le Razès. Wikipédia nous dit : Le Razès désigne historiquement un ancien pagus ou comté carolingien portant le nom de sa capitale historique : l’oppidum ou cité de Redae (l’actuelle Rennes-le-Château au sud-ouest du département de l’Aude).

Avant le morcellement qui suivit les guerres des Xe et XIe siècles, le Razès englobait (…) la partie occidentale du diocèse de Narbonne jusqu’à la création du diocèse d’Alet en 1318. (…) L’historien Raymond Lizop fait remonter le pagus mérovingien du Razès à une tribu gauloise tributaire des Volques Tectosages, les Redae ou Redonae, dont il trouve la trace dans la toponymie celtique marquée du Razès, à la différence des régions environnantes. Le premier comte particulier du Razès dont le nom nous soit parvenu (est) Guillaume de Gellone, valeureux compagnon de Charlemagne. Vers le milieu du IXe siècle, le comté passe aux mains des gouverneurs de Carcassonne.

En 1209 et 1210, la croisade contre les Albigeois sème la terreur sur la région et Simon de Montfort s’empare d’une grande partie du Languedoc. En 1230, le Razès est inféodé à Pierre II de Voisins, époux de Mahaut de Thurey, fille du compagnon d’armes de Simon de Montfort. Durant l’été 1240, Raimond II Trencavel tente de reprendre possession du Razès (…) mais il est défait et contraint à l’exil. Le comté du Razès cessa d’exister à partir de cette date avec l’intégration à la province du Languedoc dans la couronne de France.

Si on cherche ailleurs (par exemple http://www.rotary-carcassonne.org/secrets-du-razes-et-de-labbe-sauniere.html ), on trouve les infos suivantes : Le Razès est (…) la vallée de l’Aude entre sa sortie des Pyrénées, à peu près à Quillan, et Carcassonne, avec ses deux versants, en y ajoutant à l’ouest une zone de collines d’âge tertiaire portant la ligne de partage des eaux Océan-Méditerranée, tandis que le versant est appartient au massif des Corbières.

L’étymologie du nom (…) fait référence aux Redones, ou tribu Redu, une tribu celte. (…) Remontant donc aux Celtes Tectosages, sans aller jusqu’au néolithique présent dans de nombreux mégalithes, le pays forme un pagus gallo-romain. Il garde son individualité dans le Royaume Wisigoth. (…) Le Razès se retrouve sarrasin de 719 à 760. Il est érigé en comté par Charlemagne par démembrement de celui de Narbonne.

Vous me connaissez, s’il y a un soupçon de mégalithes ou de celtes (ou les deux), je ne peux pas m’empêcher de plonger dans le terrier du fameux lapin. En attendant de remonter à la surface avec davantage d’informations, je vous livre la version 2023 de mon « blason » généalogique.

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