Les Corbeaux de la Tour de Londres

Précédemment publié le 29/10/2010 sur La Caverne (blog désactivé) (mis à jour 02/06/2017)

La Tour de Londres a toujours été un des mes endroits préférés dans la capitale britannique (malgré les longues files d’attente pour y entrer), non pas pour les Joyaux de la Couronne qui y sont exposés (faut aimer le bling-bling extrême, ce n’est pas mon cas), mais parce que, d’une part, la Tour Blanche date de l’époque de Guillaume le Conquérant (1066) et ses pierres portent toute l’histoire du lieu, et d’autre part, parce que la légende des corbeaux de la Tour de Londres est si importante pour les Anglais que le gouvernement britannique pourvoie à l’entretien d’une demi-douzaine de corbeaux. Cette légende, je l’avoue, m’a toujours fascinée (bien avant que je fasse la rencontre de la Dame), et chaque fois que j’ai visité (et fait visiter) la Tour, je n’ai pas manqué de chercher les corbeaux et de raconter leur légende.

Le corbeau est mentionné dans les légendes celtiques, où il est associé à la Morrigan, mais aussi au fils du dieu la mer, Bran Fendigaid (‘Bran’ signifie Corbeau).

La légende des corbeaux de la Tour fut mise en place, principalement, par le chroniqueur médiéval Geoffrey de Monmouth, qui relata de nombreux mythes et légendes gallois. En 1136 Geoffrey de Monmouth écrivit Historia Regum Britanniae (Histoire des Rois de Bretagne).

Dans ce livre, il mentionne un ancien roi britannique, Bran Hen de Bryneich (né vers 485), tué à la bataille, et qui aurait demandé à ce que sa tête soit enterrée, comme talisman contre les invasions, à Gwynfryn (la Butte Blanche), lieu où la Tour de Londres se tient aujourd’hui.

En référence à ce Bran, le roi Charles II décréta qu’au moins 6 corbeaux devaient être gardés à la Tour à tout moment, pour empêcher les désastres : l’Observatoire Royal était situé dans la tour nord-est de la Tour Blanche, et John Flamsteed, l’astronome, se plaignit au roi du fait que les corbeaux gênaient ses observations.

Le roi ordonna leur destruction, mais on lui répondit que si les corbeaux quittaient la Tour de Londres, la Tour Blanche s’effondrerait et qu’un désastre frapperait l’Angleterre. Ne voulant pas tenter le sort en s’opposant à une ancienne légende, Charles II changea d’avis et décréta que les corbeaux devaient être protégés.

Gripp et Jubilee, mangés par un renard en 2013, ont été remplacés par des homonymes.

Par respect pour la légende et pour le décret de Charles II, il y a toujours au moins six corbeaux logés à la Tour de Londres. Chacun peut être identifié par une bague de couleur.

Un Yeoman Warder (nom des gardes de la Tour) tient le rôle particulier de Ravenmaster et s’occupe de les nourrir et de les soigner. Pour les empêcher de s’enfuir, les plumes d’une de leurs ailes sont coupées, ce qui déséquilibre leur vol, de sorte qu’ils ne vont pas bien loin de la Tour.

Le Ravenmaster (sa page FB) actuel, Chris Skaife, a réduit d’un tiers la coupe des plumes rémiges primaires, ce qui fait que les corbeaux peuvent désormais voler jusqu’au sommet de la White Tower (alors que jusqu’à présent, ils ne pouvaient que voleter – ce qui a coûté la vie à Gripp et Jubilee, en 2013 puisqu’ils n’ont pas pu échapper au renard qui les a attaqués). (article du Telegraph)

Les corbeaux Odin et Thor, deux frères, avaient l’habitude d’imiter la voix du Ravenmaster, en vocalisant des ‘Bonjour’, ‘Allez, viens’, ‘Où est le mien?’. Ces deux oiseaux sont morts en 2003. On a pu observer, à la Tour de Londres, que lorsqu’un des membres du groupe meurt, les autres corbeaux lui font des ‘funérailles de corbeau’ : 24 heures de croassements.

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A propos Caitlín Urksa

Païenne, Celte de coeur, créature de la nuit et Ourse des montagnes ; artiste par plaisir, prof par obligation ; Sagittaire/Verseau, à la fois perfectionniste et désordonnée, les pieds ancrés dans la terre et la tête dans les étoiles.
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